Lettre d’une dépendante affective à son partenaire
« Mon amour,
Je prends le temps de t’écrire car je n’arrive pas à te dire les mots qui vont suivre. J’ai peur que cela dégénère en dispute et ce n’est pas mon souhait.
Par cette lettre, je tenais à te redire à quel point je t’aime. Mais, en ce moment, je trouve que tu me fais remettre en question ce que je ressens pour toi.
Tu sembles ne pas comprendre, ces derniers temps, ce dont j’ai besoin et j’en souffre énormément.
Où est passé ce temps où tout était évident pour nous ? Où, sans rien demander, tu comprenais mes attentes et les devançais ? Où nous faisions l’amour sans arrêt et avec intensité sans se poser de questions ? Où la confiance en un avenir commun et heureux ne se posait pas ? Où tu ne doutais pas des projets que je souhaitais réaliser ?
En résumé , où est passé ce temps où tu me rendais tout simplement heureuse ?
Alors, je me pose la question de savoir si nous devons continuer ensemble. J’ai l’impression que tu ne m’aimes plus comme moi je t’aime et je ne le supporte plus.
D’un côté, je préfèrerais, je crois, continuer ma route sans toi afin de ne plus souffrir de ce manque que tu génères en moi. Mais, d’un autre côté, je ne peux imaginer ma vie sans toi car je crois que je n’y arriverai pas.
Tu es ma moitié, celle qui me complète, et j’ai le sentiment que si je te perds, je perds un morceau de moi. Cela me torture rien que d’y penser… Je serais comme un bateau en déroute en pleine tempête, totalement déboussolée et perdue…
Alors, il me tarde de savoir ce que tu pourras faire pour me rendre à nouveau heureuse et nous donner une nouvelle chance.
Avec tout mon amour
Cassie »
Cet écrit vous évoque-t-il quelque chose ?
Je m’adresse à des femmes mais quelques hommes sont également concernés par ce type de comportement et en souffrent de la même manière.
Cette lettre, aussi jolie vous semble-t-elle, illustre bien ce qu’est la dépendance affective et ce que j’ai qualifié être la « dépendance du bonheur ».
Nous sommes sur cette terre pour nous réaliser et nous épanouir, seul(e) dans un premier temps.
En effet, comment pouvons-nous espérer être heureux en couple si nous ne savons pas ce qu’est le bonheur pour nous?
Dans un deuxième temps, lorsque nous aurons trouvé la route de notre bonheur en solo et goûté notre complétude, nous pourrons en faire profiter l’autre et partager le tout.
Comment pouvons-nous espérer que l’autre vienne nourrir nos besoins si nous ne savons pas lesquels sont à respecter et comment le faire déjà nous-mêmes ?
Très souvent, par manque de recul sur nos besoins, nous commettons des « erreurs de casting » dans le choix de notre partenaire. Nous percevons quelque chose, chez l’autre, qui semblerait « coller ». Mais, en réalité, ce que nous souhaitons c’est conserver ce qui nous attire chez l’autre et modifier un certain nombre de choses pour qu’il (elle) réponde parfaitement à nos attentes…non ? J’ai une attirance pour toi mais je n’aime pas ta façon de parler ou de t’habiller par exemple. Alors, je prends ce que j’aime et je tente de t’influencer dans tes choix de mots ou de vêtements pour que tu sois un peu plus à mon goût…un tantinet manipulatoire non ?
Ainsi, sans en avoir conscience, le premier piège se présente.
L’amour est, en effet, inconditionnel…je t’aime comme tu es avec tes qualités mais aussi tes défauts. J’aime ce que tu fais et ce que tu penses, juste parce que, dans ce cas tu es TOI et non pas parce que je suis d’accord avec l’ensemble. Si je perçois quelque chose chez toi qui ne me permet pas d’être MOI à mon tour ou qui génère de l’inconfort dans la relation, alors je te laisse libre de vivre ta vie, de ton côté, sans moi. Si je prends conscience de tous mes agissements, alors je chemine vers une meilleure compréhension de toi. Ainsi, je peux échanger librement de tout cela avec toi afin qu’ensemble nous donnions une nouvelle direction à notre histoire.
Le point de départ de cet équilibre réside dans un travail personnel.
Cela peut paraître, au départ, une véritable discipline. Certes, au début, c’est compliqué car cette démarche va à l’encontre de tous nos conditionnements et nos enfermements.
L’essentiel est d’abord de nous aimer nous-mêmes et de nous faire confiance.
Nous nous devons de nous aimer de manière inconditionnelle avec toutes nos qualités mais aussi nos défauts. Nous avons besoin d’identifier ce que notre égo distordu nous dicte afin de ne pas nous égarer (voir article « Mon bel ego, ce salaud bienveillant »). Enfin, nous devons apprendre à nous faire confiance dans la réalisation de tous nos projets et ainsi ne pas dépendre de l’autre par un besoin de constante « rassurance ».
S’aimer n’a rien d’égoïste ou de narcissique.
Comme le dit Cristina Marques, thérapeute, et auteur de « Confidences d’une ancienne dépendante affective », c’est demander à l’autre de combler nos attentes, besoins et manques qui fait de nous des égoïstes. Simplement, dans notre héritage culturel, il est de bon ton de « s’occuper de son prochain » d’où la gigantesque confusion…qui, elle, nous mène tout droit vers des dérives de comportements douloureux et toxiques.
Enfin, nous sommes tous des âmes blessées et la vie nous présente des personnes qui viennent nous les mettre en lumière par « effet miroir ». Elles nous permettent ainsi d’entamer le chemin de la guérison. Je reviendrai sur ces blessures dans un prochain article car ce point m’a semblé capital dans mon cheminement. La chose la plus importante pour moi, comme pour tous ceux qui ont réalisé ce travail, a été d’en prendre conscience. Je vous conseille, à ce titre, les livres de Lise Bourbeau qui traitent de ce sujet.
Je vous encourage à aller vers une meilleure connaissance de vous qui vous conduira vers le chemin du vrai bonheur !
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